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Adolescent

Surface en marbre

L’adolescence est un âge décisif lors duquel se rejouent et se réactualisent les enjeux de l’enfance au lieu du passage vers l’âge adulte. C’est un entre-deux et à la fois une transition, ce qui lui confère cette appellation de crise de l’adolescence. C’est un moment charnière dans la vie d’un sujet pendant lequel certaines orientations de la personnalité et du fonctionnement psychique se décident et s’inscrivent autant que peuvent se redistribuer autrement les cartes, des fois contre toute attente. Ce peut être un moment fécond et prometteur pendant lequel « rien n’est joué à l’avance », comme un passage difficile d’où resurgissent des difficultés passées, des incertitudes et des craintes quant à l’avenir, une nostalgie de l’enfance qui contraste avec un désir d’indépendance.

Les changements du corps liés à la puberté introduisent un flou dans la distinction entre le domaine de l’enfance et celui des adultes, jusque-là bien délimités par l’immaturité corporelle de l’enfant et les règles qui régissent sa vie dans la société. Si la puberté ouvre sur la réalisation d’une promesse et d’un horizon attendu et redouté à la fois (« devenir grand »), elle peut être vécue comme débordante, honteuse, effractante et imprévisible. Elle confronte à une responsabilité radicale (être seul/e responsable de son corps) comme elle peut ouvrir à une précipitation au-devant des enjeux propres aux adultes. L’image est amenée à changer, donnant lieu à des modifications du regard porté sur soi et les autres, à une place différente dans la société et à un remaniement des relations sociales.

Le passage adolescent est donc une période délicate qui peut donner lieu à des revirements de situation, de manière favorable ou qui parfois inquiètent. Les difficultés que certain/es traversent sont à considérer comme transitoires voire nécessaires pour aboutir à un  dénouement de la crise, tout comme elles peuvent nécessiter un accompagnement et un appui supplémentaire à leur traversée. S’il est parfois difficile de voir le « bout du tunnel » et qu’il est possible de vivre avec « lourdeur » cette période, il est important de se rappeler que toute crise n’est qu’éphémère en tant qu’elle constitue le trait d’union entre deux états. Il est aussi essentiel d’être attentif à ce qui s’y manifeste tout comme il l’est de ne pas le dramatiser outre mesure, afin de pouvoir l’accueillir avec bienveillance, respect et responsabilité.

 

Il est possible à l’adolescent/e de formuler par lui/elle-même une demande de consulter devant la perception d’un mal-être et d’une souffrance, ou simplement devant un besoin de se confier à un adulte, autre que ses parents ou leurs substituts, ou à un/e ami/e. Parfois ce sont les parents qui doivent soutenir et porter cette demande devant l’apparition de signes qui les inquiètent, les questionnent, ou suite à des difficultés dans la relation et l’éducation, pouvant dépasser les limites de conflits du quotidien.

La souffrance à l’adolescence peut se manifester par une morosité et une dépressivité associée à un repli relationnel et social, un sentiment d’ennui, de fatigue importante ou de perte de plaisir et d’intérêt dans les domaines de la vie quotidienne. A ceci peut se conjoindre une perte du rendement scolaire ou un absentéisme plus ou moins marqué. Parfois aucun signe n’est vraiment remarqué et tout semble aller bien mais pourtant un mal-être peut être présent, accompagné d’un vécu d’incompréhension ou une impossibilité à formuler ce qui fait problème.

Un sentiment de trouble peut être ressenti dans le rapport au corps et à son image par des complexes, une difficulté à se reconnaitre ou à endosser les changements pubertaires, un vécu d’infériorité ou une perte de confiance en soi, que peut parfois cacher une désinvolture ou des attitudes de toute-puissance et de provocation. A cela peut s’ajouter la conviction de ne pas être aimé pour ce qu’on est, d’être rejeté ou exclu par les autres, d’avoir envie de partir.

La sphère des relations aux autres peut également être vécue comme source de souffrance, qu’elle soit d’ordre conflictuelle avec les parents ou les pairs, trop absorbante quant aux relations amicales et amoureuses, ou insatisfaisante. Il arrive que surviennent des phénomènes de harcèlement ou de discrimination, justifiant une « phobie scolaire » comme cela peut intervenir devant la crainte de l’échec. Les relations peuvent prendre une dimension débordante et incontrôlable, incluant parfois de la violence.

Parfois il est aussi important de pouvoir proposer un lieu pour les questions liées à la sexualité, ses orientations, et son identité (sexuée ou de genre). Ceci n’a jamais pour effet de modifier cette orientation mais de trouver des solutions pour se réaliser plus sereinement.

Les addictions (jeux vidéos, réseaux sociaux, alcool, cannabis…) peuvent également être des motifs de consultation, comme les troubles des conduites alimentaires (TCA : anorexie, boulimie). La sphère des conduites est ce qui peut interroger ou inquiéter quant à une propension au passage à l’acte auto ou hétéro-agressif. Il arrive que surviennent des idées de suicide ou des actes de cet ordre qui parfois (mais pas toujours) nécessitent l’intervention d’un/e psychiatre. Il se peut que des traumatismes aient émaillé le parcours de certain/es ou qu’ils/elles évoluent dans un contexte de conflit familial ou de difficultés sociales.

Dans tous les cas et lorsque c’est possible, les parents ou leurs substituts sont associés au travail et reçus sans culpabilisation, parfois seuls ou ensemble, mais il est important que le cadre du travail thérapeutique leur permette d’y évoluer aussi seul/es. Les parents doivent, au moins au bout d’un temps, être informés de cette démarche et donner leur accord. Le travail engagé ne doit pas être l’objet ou l’instrument d’un conflit parental, quel qu’il soit. Aucun compte-rendu ou communication autre que nécessaire avec un praticien du soin soumis au secret (avec accord des parents et de l’adolescent/e) ne sera réalisée. Au même titre que les adultes, l’adolescent/e a un droit au secret et à l’intimité.

Voir aussi : 

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